La renaissance du resto Le 9e, icône de l’Art déco

Une icône montréalaise renaît

S’inspirant de la salle à manger du paquebot transatlantique Île-de-France et dessiné par l’architecte français Jacques Carlu, le restaurant Le 9^e (installé au neuvième étage du Centre Eaton, comme l’indique son nom), a d’abord pris le nom d’Île-de-France, à son ouverture en 1931. 

Lady Flora Eaton, dont la famille possédait les grands magasins Eaton, était du tout premier voyage de l’Île-de-France, en 1927. Elle a demandé à Carlu, un spécialiste de l’Art déco en Amérique du Nord qui avait aidé au design des intérieurs du paquebot, de recréer le décor de son élégante salle à manger.

Au moment de sa fermeture en 1999, alors que l’entreprise Eaton se plaçait en faillite, le restaurant devenu un buffet était surnommé « Le 9^e » par les Montréalaises et Montréalais depuis plusieurs années. Il a d’ailleurs fait l’objet d’un documentaire de Galafilm en 1998, Les dames du 9^e étage, qui s’attarde aux 60 ans d’histoire de cet espace bien-aimé.  

« Pour plusieurs, [sa fermeture marque] la fin d’une époque et le début d’une ère d’incertitude », explique l’historienne d’Héritage Montréal Maude Bouchard Dupont dans un article à propos du 9^e publié par le Musée McCord Stewart. « Mais c’était sans compter la vigilance de groupes interpellés par le patrimoine montréalais, tels qu’Héritage Montréal. Dans l’urgence de la faillite prochaine d’Eaton, l’organisme convainc la ministre de la Culture du Québec, Agnès Maltais, d’intervenir immédiatement et de classer le restaurant du 9^e étage du grand magasin et son exceptionnel intérieur, y compris le mobilier, la coutellerie, les œuvres d’art, les luminaires, etc. Sans savoir si le restaurant allait rouvrir un jour, il fallait sauver ce patrimoine unique. »

Le légendaire espace Art déco a ainsi été classé au patrimoine culturel du Québec en août 2000. Le 9^e a pour ainsi dire été « momifié » pendant presque un quart de siècle, avant d’être méticuleusement restauré en vue de sa réouverture.