Le Montréal de Maurice « Rocket » Richard
Cet article a été mis à jour le 13 octobre 2023.
La légende du hockey Maurice Richard adorait Montréal, sa ville natale, où il a tissé des liens avec ses fans, transformé son sport et été élevé au rang de demi-dieu.
Surnommé le « Rocket », le fougueux Maurice Richard était le plus grand hockeyeur de sa génération et un des meilleurs de l’histoire de la Ligue nationale de hockey (LNH). Pendant 18 saisons (toutes jouées avec les Canadiens de Montréal, affectueusement nommées les Habs, un clin d’œil aux « habitants », les colons de la Nouvelle-France au 17e siècle), le membre du Temple de la renommée du hockey a remporté huit Coupes Stanley et a été le premier à marquer 50 buts en 50 matchs (en 1944-45) et à atteindre le plateau des 500 buts, en 1957.
Voici certains attraits de Montréal intimement liés à la vie de Maurice Richard.
La famille Richard
Aîné des huit enfants d’Onésime et d’Alice Richard, Maurice a grandi dans le quartier Nouveau-Bordeaux, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, au nord de Montréal.
Sa famille ouvrière était passionnée de hockey : son jeune frère Henri Richard a d’ailleurs joint les Canadiens au début de la saison 1955-1956. Il était surnommé le « Pocket Rocket » et a remporté pas moins de 11 Coupes Stanley avec les Habs, avant de rejoindre à son tour le Temple de la renommée.
À Ahuntsic-Cartierville, une murale splendide de Maurice Richard a été créée par les artistes Dodo Ose et Zek en 2015 (au 1014, rue Fleury E.). L’œuvre, qui présente aussi une partie de hockey de rue entre enfants, a été peinte près d’une ruelle d’Ahuntsic qui accueille bon nombre de hockeyeurs en herbe.
Pendant plusieurs étés, même après avoir amorcé sa carrière avec les Canadiens en 1942, Maurice Richard a travaillé aux ateliers Angus de Canadian Pacific (CP), où son père était employé comme machiniste. Après que le CP eut fermé les shops Angus en 1991, le site a été reconverti en écoquartier : le Technopôle Angus, premier quartier vert et innovant au Québec.
Avant son arrivée avec les Canadiens pour la saison 1942-1943, Maurice Richard a évolué avec les Maple Leafs de Verdun, à l’Auditorium de Verdun, aréna fondé en 1939. L’endroit a aussi accueilli des matchs de lutte professionnelle de même que des concerts, dont ceux de Bob Dylan, d’Ozzy Osbourne et des Clash.
Rendre hommage au Rocket
Considéré comme la cathédrale et le temple du hockey, le Forum de Montréal (aujourd’hui transformé en salles de cinéma et centre de divertissement) a d’abord été construit pour les rivaux des Canadiens, les Maroons de Montréal, en 1924. Deux ans plus tard, la Sainte-Flanelle y a aussi aménagé et les deux clubs de la LNH ont partagé l’endroit jusqu’à la disparition des Maroons (équipe lauréate de la Coupe Stanley par deux fois), en 1938. Le dernier match des Maroons s’est déroulé au Forum, contre les Canadiens, le 17 mars 1938. Les Habs l’ont emporté 6-3.
Le Bleu-blanc-rouge a joué sa dernière partie au Forum le 11 mars 1996, défaisant les Stars de Dallas par la marque de 4-1. Lors des cérémonies d’après-match, tous les capitaines de l’équipe encore vivants (y compris Jean Béliveau et Bob Gainey) se sont échangé la torche, puis les partisans, jeunes et moins jeunes, ont offert une ovation debout tonitruante de sept minutes à un Maurice Richard visiblement ému.
L’équipe a enregistré plus de 1500 victoires, compté plus de 10 000 buts et remporté 22 Coupes Stanley (sur un total de 24) au Forum. Les Canadiens ont gagné huit Coupes Stanley avec Maurice Richard, un gaucher qui jouait à l’aile droite.
Après le déménagement de l’équipe au Centre Bell, en mars 1996, le Forum a servi entre autres de lieu de tournage pour les scènes d’aréna du film Snake Eyes, réalisé par Brian de Palma et sorti en 1998.
Juste à l’extérieur du Centre Bell, sur la place du Centenaire, l’imposante statue de bronze de Maurice Richard créée par le réputé sculpteur montréalais Marc-André J. Fortier et commandée par l’équipe a été inaugurée lors des commémorations du 100e anniversaire du club, en 2009. La statue du Rocket se dresse aux côtés de celles d’autres légendes de l’équipe, Howie Morenz, Jean Béliveau et Guy Lafleur, aussi sculptées par M. Fortier.
Une sculpture de bronze d’un Rocket en action (de l’artiste Annick Bourgeau) trône devant l’entrée principale de l’aréna Maurice-Richard, au Parc olympique. Le bâtiment a accueilli les compétitions de boxe et de lutte lors des Jeux olympiques de 1976 et l’ex-équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec le Rocket de Montréal, nommée en l’honneur de Maurice Richard, y a évolué. Le Rocket de Laval, club-école des Canadiens qui rivalise dans la Ligue américaine de hockey, est aussi nommé en son honneur.
Une partie de hockey au paradis
Après une longue bataille contre un cancer de l’abdomen, Maurice Richard s’est éteint le 27 mai 2000, à l’âge de 78 ans. Il était aussi aux prises avec la maladie de Parkinson.
La veille de ses funérailles d’État du 31 mai 2000 (une première pour une personnalité non politique) télédiffusées à travers le pays, Maurice Richard a reposé au Centre Bell, où plus de 100 000 personnes sont venues lui rendre un dernier hommage.
À l’extérieur, pour le cortège menant la dépouille du Rocket du Centre Bell à la basilique Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur la rue Sainte-Catherine dans laquelle le hockeyeur avait paradé plusieurs fois Coupe Stanley en main. L’artère a aussi et le théâtre de l’émeute de 1955, qui avait suivi la suspension de Maurice Richard parce qu’il s’était battu. D’anciens coéquipiers, y compris son frère Henri, ont porté son cercueil. Le jour suivant, le New York Times titrait : Maurice Richard’s Funeral Brings Canada to a Standstill (Les funérailles de Maurice Richard mettent le Canada sur pause).
L’héritage de Maurice Richard
Des années après sa mort, Maurice « Le Rocket » Richard est toujours vénéré à Montréal et ses fans peuvent se recueillir sur sa tombe au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, situé sur le mont Royal.
Maurice Richard (qui n’avait jamais assisté à un match au Forum avant d’y jouer) a participé à populariser le hockey un peu partout sur la planète. Il va de soi que les Canadiens de Montréal ont retiré son chandail no 9 à tout jamais, que plusieurs livres lui sont consacrés et que des films ont été tournés sur sa vie et sa carrière. Et chaque année, la LNH remet le trophée Maurice-Richard au meilleur buteur de la ligue.
Richard Burnett
Richard « Bugs » Burnett est un auteur, rédacteur, journaliste, blogueur et chroniqueur canadien. Il écrit pour des hebdomadaires indépendants ainsi que des publications grand public et LGBTQ+. De plus, Bugs connaît Montréal comme une drag queen connaît les produits de beauté.